Brigitte Cailleau
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On en revient toujours à ses questionnements liés à son identité, ses racines….nos chemins multiples qui nous construisent, qui nous tendent des pièges…mais qui nous font grandir ! Notes de vie, pages de carnet d'artiste.  Puis la peinture achevée, de l'horizontal au vertical. Des images subjectives. Sensations, surprises, mélancolies, nostalgies, pertes et bonheurs aussi. Brigitte Cailleau nous convie à « lire » des moments de grâce ou de fragilité d'une biographie émotionnelle, d'un parcours mémoriel. En appelant ses pièces des « vues », Brigitte Cailleau nous égare peut être un peu dans le domaine de la photographie. Surtout dans le deuxième volet de son exposition, où nous nous trouvons face à des compositions picturales classiques (peinture à l'huile sur médium), relevant nettement du genre paysage, même si l'artiste y semble prendre ses distances avec les désignations naturalistes strictes pour s'occuper d'atmosphères et de climats, d'eaux tranquilles, de cieux tourmentés, de soleils matinaux, de soirs blafards.

Brigitte Cailleau

En effet, les identités botaniques, minérales ou sociales passant au deuxième ou au troisième plan. Nous ne sommes pas pour autant confrontés à un parfait noman's land. La campagne y est présente, dominante (adulée même) mais traitée de façon épurée, topographique, en lignes et plans, par la courbe d'une colline, ou la ligne droite de l'horizon. La figuration de la vie humaine y est ramenée, par la vertu du pinceau étalant et neutralisant, à une portion congrue : silhouette humaine sur un tracé vicinal, trois pieux plantés au bord de l'eau, grange des champs, clocher de village… et grand rouleau de paille qui souligne une campagne tout de même habitée. Des éléments disséminées d'une toile à l'autre qui n'apparaissent pas en nombre sur une seule toile. Chacune se montrant économe en signes décoratifs, il importe de l'appréhender par regroupements de toiles (exemple : en triptyque), toutes de format carré. Ce qui, dans la campagne (dans le paysage qui est ce que notre expérience sensorielle filtre de la campagne) paraît le plus intéresser Brigitte Cailleau, c'est une déperdition du concret (point de coquelicots par exemple comme chez Monet), et la présence d'une irréalité, nous donnant à voir ce qu'elle nommes « vues »-de son Gers natal, de cette Catalogne où elle vit, ou d'un pays étranger où elle n'ira sans doute jamais. Certaines d'entre elles, de part leur facture (par leur résille graphique ou par leurs spatialités et densités chromatiques) viennent au devant de notre regard et d'autres, dont la facture est plus apaisée (en fonction de la saison du cœur ou de l'année), espère que notre regard fera le premier pas et se rapprochera pour les visiter et y repérer des petits trésors qui y sont dissimulés. Brigitte Cailleau se plaît à peindre – pour se comprendre et se dépasser, et comme en plus elle nous touche par ses échelles de couleurs que David Hockney ne désavouerait pas et par son talent nuagiste, comment ne pas la remercier et la suivre ?

Brigitte Cailleau dont la présence sur les cimaises d'ici et d'ailleurs est bien trop rare, est cependant l'une des artistes les plus constantes et réfléchies de la région.

( Jaume Queralt )

 

 

 

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